Le 18 mai 2021 avait lieu le 2ème atelier d'échange de Bonnes Pratiques Déclic Mobilités. Une vingtaine d'adhérents était présente afin d'échanger autour de la connaissance des mobilités. En effet, celles-ci sont complexes, régies par des logiques d'aménagement, de politiques publiques mais également par l'organisation du travail, de la vie personnelle, et des préférences et perceptions ... et nous amènent encore à privilégier la voiture dans de nombreuses situations du quotidien. 

Lors de cet atelier, Sylvie Landriève (directrice du Forum Vies Mobiles) et Benoit Wiatrak (chargé de mission management de la mobilité à la Métropole Européenne de Lille) ont partagé leurs expériences et observations quant aux pratiques de mobilité des salariés. 

Voici le support de présentation à ce lien

 

Compte rendu : 

Mieux connaître nos mobilités pour mieux les organiser

 

robinson greig TSHzpPFV5qE unsplash 1La mobilité des Français occupe l'actualité depuis plusieurs mois et invite les employeurs à favoriser des déplacements plus durables pour leurs collaborateurs. Mais la conduite du changement passe par un état des lieux complet. Des outils de mesure et d'observation de la mobilité existent, couplés à une connaissance accrue des pratiques. En tant qu'employeur, comment me saisir de ces informations pour alimenter mes démarches de management de la mobilité ? Retour sur l'atelier Déclic Mobilités du 18 mai 2021. 

Certaines contraintes objectives influencent nos modes de transport : la répartition géographique des activités (habitation, loisirs, sociabilité, courses...), les contraintes organisationnelles (horaires, souplesse), l'aménagement de la ville (offre de transports, conditions d'accès), la constitution des familles et les rôles afférents, la culture et le vécu individuel, etc. Il appartient à l'employeur d'essayer de comprendre les habitudes des salariés et leurs appétences par rapport aux modes alternatifs, afin de mieux identifier les contraintes et leviers d'action pour accompagner le changement de leurs pratiques. Cette étude peut s'appuyer sur plusieurs sources complémentaires : 

 

  • Les enquêtes menées par les pouvoirs publics 

Elles nourrissent des politiques publiques d'aménagement des mobilités et servent en ce sens de baromètre, mais aussi d'aide à la décision. Elles permettent à l'employeur de disposer d'une vision macro et d'identifier les déplacements liés au travail à l'échelle du territoire (les Enquêtes Ménage-Déplacement / Enquêtes Mobilités Certifiées Cerema) et/ou à l'échelle nationale (INSEE).

  • Les ressources internes

La connaissance des pratiques de mobilité des collaborateurs est attendue dans le Plan de Mobilité Employeur et dans la tenue des Négociations Annuelles Obligatoires. L'évaluation de l'accessibilité du site en lien avec le domicile des salariés, l'enquête sur les pratiques, l'état des lieux des actions déjà mises en place permettent à l'employeur :  

- d'orienter son plan d'actions ;

- d'évaluer la réussite des actions mises en place ; 

- d'évaluer les impacts des actions ;

- de se comparer aux autres (établissements, territoire…). 

 

Quelles sont les pratiques actuelles des salariés français en termes de mobilité ? 

Sylvie Landrieve, Directrice du Forum Vies Mobiles 

Le Forum Vies Mobiles est un institut de recherche et d'échanges sur la mobilité financé par la SNCF. Il s'attache à mettre en lumière la place des déplacements dans nos modes de vie et leurs répercussions. "Jusqu'au 19e siècle, un Français parcourait en moyenne 4 kilomètres par jour contre 40 et 60 km aujourd'hui. Pour passer à un autre monde, le vélo ne va pas suffire, il faudra sans doute revoir la place des déplacements et les kilomètres parcourus dans nos modes de vie" introduit Sylvie Landrieve. 

 

Constats

  • 39 % de nos déplacements sont liés au travail, ce sont eux qui occasionnent le plus de kilomètres et occupent le plus de temps en comparaison avec les autres motifs de déplacement (172 km et 4 h 17 par semaine). 
  • La population active se déplace presque deux fois plus que la population non-active. "L'organisation du travail telle qu'elle s'est structurée dans les vingt dernières années a conduit à un cercle non-vertueux qui vient renforcer le temps passé à se déplacer pour le travail : on travaille de plus en plus, sur des horaires plus flexibles, sur plusieurs endroits. Il est vraisemblable qu'une politique unique ne peut pas fonctionner" explique Sylvie Landrieve. 
  • Les déplacements liés au travail entraînent des tensions : 

- entre le travailleur et son milieu familial et social (le taux de divortialité est multiplié par deux pour les salariés qui se déplacent énormément) ; 

- entre les entreprises et leurs collaborateurs (retards des salariés, stress, insatisfaction partagée) ;

- entre l'injonction à la mobilité pour l'emploi et la lutte contre le changement climatique ; 

- entre les aspirations des citoyens et les politiques menées. 

 

"Certaines de nos propositions prennent appui sur cette aspiration des citoyens à se déplacer de manière moins frénétique, à vivre en plus grande proximité et pouvoir déployer son programme d'activité du quotidien à moins de 30 minutes dans les grandes villes et moins de 30 kilomètres dans les espaces moins denses" détaille Sylvie Landrieve. 

 

Que nous apprend la crise sanitaire ?

Le confinement a été marqué par une très grande diminution des déplacements… sauf pour le travail : 

27 % de la population active a continué à se déplacer. En parallèle, les actifs ont adopté le télétravail, les modes alternatifs se sont développés notamment grâce aux pistes cyclables aménagées en urgence par les collectivités. "L'expérience du confinement et la limitation des déplacements durant la crise sanitaire est peut-être une opportunité de réfléchir à une transition qui serait nécessaire pour que l'on se déplace moins, au sens de déplacements carbonés" poursuit Sylvie Landrieve. Pour cela, le Forum Vies Mobiles porte quatre idées : 

- Faciliter la vie des salariés : avec par exemple l'échange de postes de travail au sein d'une organisation pour diminuer la distance des déplacements domicile-travail. 

- Renouveler les flottes d'entreprises en privilégiant les véhicules légers. 

- Fluidifier la circulation grâce à la désynchronisation temporelle des salariés (en proposant par exemple plusieurs jours de télétravail dans la semaine). 

- Repenser l'aménagement du territoire : l'UE préconise par exemple la taxation des entreprises sur la distance parcourue par les salariés, fournisseurs et clients. 

 

 

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Comment un territoire peut-il s'approprier et piloter cette connaissance des mobilités ? 

Benoît Wiatrak, chargé de mission au sein de la direction de la mobilité à la Métropole Européenne de Lille 

La MEL regroupe 95 communes sur 672 km² et compte 1 174 000 habitants. Le transport, l'énergie, l'économie, l'espace public et voirie, l'aménagement et urbanisme et l'accessibilité sont les compétences de la MEL en lien direct avec le management de la mobilité. L'exercice de ces compétences nécessite une coordination entre les moyens mis en œuvre par la MEL et la mise en application locale par les maires dans les communes. 

La MEL s'appuie sur des sources de données diverses pour quantifier, qualifier les déplacements des métropolitains et ainsi concevoir et exécuter sa politique de mobilité : 

- voiture : boucles de comptages, comptages sur site, enquêtes cordon, données véhicules connectés et nouveaux outils (TomTom City, Google Maps, Waze…) ; 

- transports en commun : données de validation, enquêtes, données socio-économiques ; 

- vélo : boucles de comptage, carte de cyclabilité de l'ADAV, challenge métropolitain du vélo ; 

- tous modes : menée tous les dix ans, l'enquête "ménage déplacements" qualifie les pratiques de déplacement des métropolitains. Elle sert de véritable thermomètre de la mobilité sur le territoire depuis plus de 40 ans. 

"L'émergence d'actions en faveur de changements de comportements portés par les acteurs économiques, telles que le challenge de la mobilité en Hauts-de-France, le challenge métropolitain du vélo ou encore le challenge de l’écomobilité scolaire représentent une source grandissante d'informations et de données qui nous permettent de prendre le pouls de ces évolutions" explique Benoît Wiatrak. 

 

Le challenge métropolitain du vélo 

Organisé chaque année du 1er au 31 mai, la compétition encourage les équipes participantes à réaliser un maximum de kilomètres à vélo pour les trajets du quotidien. Le suivi du challenge est réalisé via une application smartphone qui permet de tracer les trajets sur la base desquels est établie une carte de chaleur. Elle permet à la MEL : 

- d'identifier le réseau cyclable utilisé ; 

- de voir si l'aménagement est en corrélation avec la pratique ; 

- de prioriser les actions et projets à déployer sur le territoire ; 

- de justifier des aménagements spécifiques. 

 

Les Plans de Mobilité Employeurs

Pendant deux ans, la MEL a réceptionné les plans de mobilité établis dans le cadre de la Loi de Transition qui les a rendu obligatoires de 2016 à 2020. La Loi d'orientation des Mobilités est venue effacer l'obligation de son envoi auprès des autorités organisatrices de la mobilité. Néanmoins, ces données ont permis de compléter la qualification des infrastructures publiques et privées et de connaître sur ces 4 ans : 

- les engagements pris par les employeurs en termes d'équipement et d’animation;

- les actions menées sur l'électromobilité ; 

- la participation des entreprises aux événements mobilité (challenges, ateliers d'échanges…). 

À savoir : la MEL a lancé la procédure de révision de son document de planification en matière de transports et de marchandises. Anciennement appelé "Plan de déplacements Urbains", il porte désormais le nom de  "Plan de Mobilité". Il établira, pour les quinze prochaines années, les orientations de la politique métropolitaine de mobilité, l'organisation du transport de personnes et de marchandises, celle de la circulation et du stationnement, et les actions à mettre en œuvre pour tous les modes de déplacement. 

 

Pour aller plus loin sur la connaissance des pratiques :

Simon Schoch présente la solution Wever

Plateforme participative de pilotage de la mobilité, la solution Wever permet, par l'intelligence artificielle et comportementale, de développer des solutions adaptées à l'échelle de masse, en mettant l'utilisateur au cœur de la conception de l'offre. 

Elle repose sur trois propositions de valeur : 

- Wediag : chaque collaborateur effectue un diagnostic de mobilité individuel à la suite duquel il reçoit un premier échantillon de solutions. L'entreprise reçoit de son côté des données qui lui permettent d'avoir une vision globale de la mobilité de sa structure. 

- Wedeliver : grâce à plus de 300 partenaires référencés, les entreprises peuvent être orientées vers des solutions concrètes rapidement.

- Wejoy : permet d'animer la communauté par des envois d'e-mails, de contenu spécialisé… pour amener les utilisateurs à se diriger de manière durable vers les opportunités qui auront été détectées. 

 

Les plateformes de diagnostic et de pilotage sur l'annuaire Déclic Mobilités 

 

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