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- Publication : 8 décembre 2025
Quelle est la part réelle des trajets professionnels dans l'empreinte carbone d'une entreprise ? Souvent bien plus importante qu'on ne l'imagine, entretien avec Édouard Sellier, chargé de mission chez OUVERT Bureau d'écolonomie et auteur du livre "Engager son entreprise dans la transition". Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la moitié des kilomètres parcourus en voiture en France sont liés à des activités professionnelles (déplacements domicile-travail et professionnels). Pour les entreprises du secteur tertiaire, les déplacements peuvent représenter jusqu'à la moitié de leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce chiffre grimpe même aux trois quarts pour les établissements recevant du public. Comprendre cette réalité est un premier pas pour réduire l’empreinte carbone liée aux déplacements.
Que faut-il mesurer ?
Pour obtenir une vision de l’empreinte carbone (hors logistique ou « de personnes ») d’une entreprise, deux types de déplacements sont à considérer :
- les déplacements domicile-travail : il s'agit des trajets quotidiens effectués par les collaborateurs pour se rendre sur leur lieu de travail ;
- les déplacements professionnels : ce sont tous les déplacements effectués dans le cadre de l'activité (rendez-vous clients, conférences, missions, etc.).
Pour chaque type de déplacement, les données à recueillir concernent la distance parcourue et le mode de transport utilisé. Ces données concrètes permettront de fixer des objectifs et d'évaluer l'efficacité des actions mises en place.
Des méthodes de mesure simples et adaptées à chacun
Quelle que soit la taille de votre organisation, des méthodes simples existent pour mesurer l’empreinte des trajets domicile-travail. Pour les petites et moyennes structures, une enquête interne auprès des collaborateurs peut être un excellent point de départ pour collecter des données directes sur leurs habitudes de déplacement. Pour les structures plus importantes, des outils informatiques facilitent la gestion des réponses aux enquêtes.
Une fois les données annuelles par mode de transport collectées, l'outil « Base Empreinte » de l'Ademe convertit les kilomètres en émissions de gaz à effet de serre, grâce à des facteurs d'émission spécifiques à chaque mode de transport.
Pour les déplacements professionnels, les factures (carburant, taxi, avion) peuvent être utilisées. En s'appuyant sur les ratios monétaires fournis par l'Ademe il est possible d’estimer l'impact carbone par euro dépensé. Cette solution, gratuite et accessible à tous, fournit une estimation de la quantité de CO2 occasionnée en un an par les déplacements effectués dans le cadre professionnel.
3 minutes pour estimer l’empreinte carbone des déplacements domicile-travail
Vous souhaitez évaluer l’empreinte carbone des trajets domicile-travail ? Une première estimation peut être rapidement obtenue en comptant le nombre de véhicules sur le parking de votre entreprise, puis en multipliant ce chiffre par le nombre de jours travaillés sur une année et par la distance moyenne des trajets domicile-travail. Cette dernière donnée est disponible sur le site de l’observatoire des territoires.
Multipliez le chiffre obtenu par l’impact carbone moyen d’un véhicule thermique (environ 218 g de CO2 par km) et vous obtenez une première estimation.
Exemple :
Une entreprise située à Lille ayant dix collaborateurs qui viennent en voiture, trois jours par semaine.
Calcul : 10 véhicules x 3 jours x 47 (52 semaines - 5 semaines de congés) x 25,5 km (distance moyenne parcourue pour aller travailler en région lilloise) = 35 955 km
35 955 km x 0,218 kg de CO2 = 7 838 kg de CO2 par an.
Traduire les chiffres en actions concrètes
La mesure n'est pas une fin en soi, mais un moyen de définir une trajectoire claire de réduction des émissions, en ligne avec les objectifs climatiques définis par les accords de Paris. L’évaluation de l’impact carbone des déplacements permet d'identifier les leviers d'action les plus pertinents et de simuler des scénarios de décarbonation.
Exemples de leviers d'action :
- promouvoir les mobilités durables : encourager le vélo, la marche, les transports en commun sur les trajets domicile-travail ou dans le cadre des trajets professionnels ;
- développer le covoiturage : mettre en place des plateformes ou des incitations au partage de véhicules ;
- électrifier la flotte de véhicules : remplacer progressivement les véhicules de service thermiques par des modèles électriques ;
- favoriser le télétravail : réduire la fréquence des déplacements domicile-travail.
L'outil « Base Empreinte » de l'Ademe quantifie l'impact de ces changements et offre la possibilité de suivre les progrès réalisés.
Aller au-délà de l'enjeu écologique : des béénfices multiples
S'engager dans la réduction de l'empreinte carbone des déplacements dépasse la simple responsabilité écologique pour devenir un véritable levier de performance. Sur le plan économique, les avantages sont directs : une moindre dépendance à la voiture se traduit par des économies substantielles en carburant, en entretien et en frais de stationnement. Parallèlement, les bénéfices humains sont tout aussi significatifs. En encourageant des modes de transport actifs comme le vélo ou la marche, l'entreprise contribue activement à la santé physique et mentale de ses collaborateurs.
Cette démarche positive renforce l'attractivité de l'organisation et sa marque employeur, attirant des talents soucieux des enjeux de durabilité. Faciliter les modes de déplacement alternatifs permet aussi d'élargir le bassin de recrutement. Ainsi, l'intégration de la mobilité dans une stratégie de transition globale n'est pas une contrainte, mais un investissement qui transforme un enjeu climatique en une opportunité de développement durable pour tous.










