Le vélo comme outil d'émancipation des femmes

Créées au début du XIXe siècle, les premières bicyclettes, les draisiennes, étaient réservées aux hommes. Faussement jugées dangereuses pour la fertilité des femmes et décriées pour leur manque d’élégance, elles attendront d’être équipées de pédales et de pneumatiques pour être utilisées par les femmes et devenir un incontournable du XXe siècle.  

 

L’évolution du vélo au fil des années

femmes

Au XIXe siècle, le vélo moderne est adapté et de nouveaux cadres « à enjambement bas » apparaissent, guidés notamment le Tavara Balance fabriqué par l'architecte Piet Tauber. Ces vélos en « col de cygne », ou en « vague » sont spécialement dessinés pour la gent féminine et leur permet d’enjamber le cadre sans difficulté, peu importe la tenue vestimentaire. Les matériaux permettent d’avoir des vélos moins lourds et plus inclusifs, ce qui explique également sa démocratisation dans notre société.

 

Principalement constitués de corsets, de très longues robes et de cerceaux, les vêtements de l’ère victorienne (1837-1901) que portaient les femmes ne permettaient pas de faire du vélo correctement. Alors n’en déplaise aux hommes de l’époque, le vélo a marqué l’apparition des bloomers, des pantalons bouffants et les femmes ont raccourci leurs jupons pour pouvoir pédaler correctement. Moteur d’émancipation, le vélo permet des avancées légales et le port du pantalon pour les femmes – alors uniquement autorisé à cheval- est étendu par deux circulaires à la pratique de la bicyclette en 1892 puis en 1909. La journaliste et militante Maria Pognon souligne son importance à la tribune du congrès féministe de Paris en 1896 et encense même «la bicyclette égalitaire et niveleuse par laquelle se fera l'émancipation de la femme ». Le tout premier club féminin sera d’ailleurs un club cycliste, le Coventry Lady Cyclists, qui voit le jour en 1892, le vélo sera alors surnommé « machine de la liberté ».

 

Aujourd’hui, il est encore inconfortable pour certaines femmes de faire du vélo dans diverses tenues, problème que cherche à résoudre CityRideuz avec la nouvelle sur-jupe qui recouvre les cuisses de son utilisatrice lors du pédalage et donc qui n'oblige plus les femmes à choisir leur tenue en fonction du mode de transport.

 

Source de liberté

Avec le droit de pédaler, les femmes ont gagné le droit à la mobilité, le droit d’aller où elles veulent, quand elles le veulent et avec qui elles veulent. Dans le monde entier, le vélo permet aux femmes de s’émanciper, de faire tomber les inégalités et de contourner les interdits autour de la conduite. Pour toutes ces femmes, la sororité est importante, elles s’entraident et créent des groupes pour braver les autorités morales ou religieuses. 

Cependant, le combat pour obtenir le droit de pédaler continue toujours en Orient et de nombreuses associations se démènent pour faire avancer les droits des femmes. On peut prendre l’exemple des Cairo Cycling Geckos qui proposent des excursions en groupe dans la ville du Caire, de My Stealthy Freedom qui encourage les militantes Iraniennes à poster des photos d’elles à vélo ou encore de Women’s WorldWide Web (W4), une plateforme de crowdfunding pour l’émancipation des femmes et des filles dans le monde.

 

En France, les politiques pro-vélo permettent d’accroitre le nombre d’usagers et notamment le nombre de femmes qui adoptent ce mode de déplacement. Dans ce rapport, 40% des femmes interrogées utilisent le vélo comme moyen de transport principal. Cependant, les études montrent que le manque de pistes cyclables et d’itinéraires adaptés accablent plus les femmes et les enfants que les hommes. Statistiquement plus sensibles à l'insécurité, elles ont en moyenne plus d’appréhension à emprunter des trajets peu ou mal sécurisés (6t en parle ici), alors créer des aménagements pour sécuriser l'usage du vélo en ville c’est faire un pas vers l’égalité des sexes ! 

Ailleurs, dans des villes "ultra-vélo" comme Amsterdam ou Copenhague, dont l'utilisation du vélo n'est plus à prouver, les femmes sont majoritaires à les utiliser (56% aux Pays Bas). La comparaison est criante, en France en 2017 seules 3.9% des femmes (Figure 6) utilisent le vélo pour faire des trajets de moins de 5km.

 

Nous l’avons vu, la démocratisation de la petite reine et l’émancipation des femmes sont très liées, en pédalant ces dernières ont brisé des tabous et inscrit dans le temps leur droit à la liberté et notamment le droit de travailler hors du foyer ou dans d’autres villes... De plus, avec l’essor récent du vélo, de plus en plus de femmes pédalent et chez Déclic Mobilités nous en sommes ravi.e.s !  Si vous souhaitez vous réapproprier ce mode de transport, Le Grand Huit , l’ADAV et Passer'Elles organisent des stages de remise en selle à Lille !  

 

 

 

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